<- Bibliothèque de Kabbale
Continuer la lecture ->

La Création est entièrement faite d’un désir de recevoir du plaisir. Ce désir évolue en quatre phases, la dernière se nomme « une créature ». Ce schéma qui structure l'évolution des désirs est la base de tout ce qui existe.

Le schéma n°1 décrit les cinq phases de la création de la créature. Si nous envisageons ce processus comme une histoire, cela nous aidera à mieux nous souvenir que les schémas décrivent des changements dans nos émotions et non des endroits ni des objets.


La Pensée de la création

Toute création doit être pensée, planifiée avant d’être créée. Dans notre cas, nous parlons de la Création et de la pensée qui l’a engendré, laquelle est donc appelée: « La Pensée de la Création ».

Dans le premier chapitre, nous avons dit qu’Abraham, qui a découvert la sagesse de la Kabbale et qui fut le premier à la diffuser, a découvert que l’univers « obéissait » à une force d’amour et de don. Lorsqu’il réalisa que cette force avait créé toute vie, il l’appela « le Créateur ». En conséquence, dans la Kabbale, le terme « Nature » est interchangeable avec le mot « Créateur ». Abraham découvrit également que la volonté du Créateur est de nous donner un cadeau très spécial: devenir comme Lui. Comme Il est l’état le plus parfait, puissant et omniscient qui puisse exister, et vu qu’Il est une force d’amour, Il veut nous donner le meilleur: Lui-même.

Le schéma n°1 décrit la Pensée de la Création comme un désir de donner du plaisir (appelé « Lumière ») aux créatures. C’est également la racine de la Création, où nous, et toute vie, avons commencé.

Les kabbalistes se servent du mot Kli (récipient, vase) pour décrire le désir de recevoir le plaisir, la Lumière. Le récipient est le sens spirituel, l’instrument qui perçoit le Créateur. Maintenant nous sommes à même de voir pourquoi les kabbalistes ont appelé leur sagesse, la « sagesse de la Kabbale » (la sagesse de recevoir).

Il existe également une bonne raison au fait que les kabbalistes aient appelé le plaisir « Lumière ». Lorsque le kli – une créature, une personne - ressent le Créateur, il commence à faire l’expérience d’une grande sagesse. Quand cela nous arrive, nous réalisons que la nouvelle sagesse se dévoilant a toujours été là, toutefois elle était cachée. C’est comme si l’obscurité de la nuit se transformait subitement en la lumière du jour et l’invisible devenait visible. Comme cette Lumière est porteuse de connaissance, les kabbalistes l’appèlent la « Lumière de la sagesse » et la méthode pour la recevoir, « la sagesse de la Kabbale ».


Quatre phases fondamentales (et leur racine)

Revenons à notre histoire de création. Pour que la pensée de la création soit effective, le Créateur a conçu une création qui veuille précisément recevoir le plaisir d’être comme le Créateur. Si vous avez des enfants, vous savez à quoi cela ressemble. N’y a-t-il pas de mots plus agréable pour un père quand quelqu’un lui dit : « Ton fils te ressemble comme deux gouttes d’eau! »?

Comme nous venons de le dire, la Pensée de la Création - donner du plaisir aux créatures - est la racine de la création. C’est pour cette raison que la Pensée de la Création se nomme « la Phase racine » ou « Phase Zéro ». Le désir de recevoir du plaisir se nomme « Phase Un ».


Schéma 1: les quatre phases d’évolution du désir de recevoir (et leur racine). Les flèches descendantes indiquent la Lumière entrante du Créateur, les flèches montantes indiquent le désir de la créature de contenter le Créateur.

Notez que la Phase Zéro est représentée par une flèche descendante. Chaque fois que la flèche pointe vers le bas, cela signifie que la Lumière vient du Créateur vers la création. Cependant, l’inverse n’est pas vrai: une flèche montante ne signifie pas que la création donne de la Lumière au Créateur, mais qu’elle veut Lui donner en retour. Qu’advient-il lorsque deux flèches pointent dans deux directions antinomiques? Poursuivez votre lecture et vous le saurez bientôt.


Les kabbalistes mentionnent le Créateur comme « le Désir de donner sans réserve » et la créature comme « le désir de recevoir délices et plaisirs » ou simplement « le désir de recevoir ». Nous aborderons plus loin notre perception du Créateur, mais à ce stade, il est important de savoir que les

kabbalistes nous parlent toujours de ce qu’ils perçoivent. Ils ne nous disent pas que le Créateur a un désir de donner, ils nous disent qu’ils voient que le Créateur a un désir de donner et c’est la raison pour laquelle, ils L’appèlent

« le Désir de donner sans réserve », et parce qu’ils ont également découvert en eux un désir de recevoir le plaisir auquel Il veut donner, ils le nomment « le désir de recevoir ».

Ainsi le désir de recevoir est la première création, la racine de toute créature. Lorsque la Création, le désir de recevoir, ressent que le plaisir provient d’un donneur, elle sent que le véritable plaisir réside dans le don et non dans la réception. Il en résulte que le désir de recevoir commence à vouloir donner (cf. la flèche montante sortant du second Kli- le récipient dans le schéma). C’est une nouvelle phase à part entière- la Phase Deux.


Dans la Kabbale, le degré du don est considéré comme masculin et le degré de réception comme féminin. A chaque degré, il existe des états dans lesquels il agit comme masculin ou féminin; par conséquent, nous nous référons parfois à un certain degré masculin et parfois féminin, et ce parfois dans le même paragraphe. Les deux seules exceptions à cette règle sont le Créateur, qui est toujours masculin, étant la source, et la Création, qui est toujours féminine, car elle reçoit de Lui.


Examinons la distinction entre la Phase Deux et la Phase Un. Si nous regardons le schéma n°1, nous voyons que le Kli lui-même ne change pas tout au long des phases. Cela signifie que le désir de recevoir est immuable. Du fait que le désir de recevoir a été conçu dans la Pensée de la Création, il est éternel et invariable.

En revanche ce qui change est ce que le Kli veut recevoir. Lors de la Phase Deux, le désir de recevoir veut recevoir du plaisir en donnant et non en recevant, et ceci est un changement fondamental. La différence essentielle est que la Phase Deux a besoin de quelqu’un à qui elle peut donner. C’est pourquoi, pour être un donneur, La Phase Deux doit forcément établir une relation avec autrui ou quelque chose d’autre en dehors d’elle.

La Phase Deux, qui nous force à donner malgré notre désir intrinsèque de recevoir, est ce qui rend la vie possible. Sans cela, les parents ne se préoccuperaient pas de leurs enfants et la vie en société serait impossible. Par exemple, si je suis le propriétaire d’un restaurant, mon désir sous-jacent est de gagner de l’argent, ce faisant, je donne à manger à des inconnus auquel je ne désire pas véritablement donner. Ceci est également valable pour les banquiers, vendeurs, et même pour les chauffeurs de taxi.

A présent, nous pouvons voir pourquoi la loi de la Nature est altruiste et non pas une loi de réception, et ce, même si le désir de recevoir est la motivation de base de toute créature, ainsi que cela fut préétablit dans la Pensée de la Création. Dès l’instant où nous avons les deux désirs, recevoir et donner dans la Création, tout ce qui arrivera découlera de la réciprocité, de la « relation » entre les Phases Un et Deux.


Ce qui nous distingue et nous sépare du Créateur et notre désir de recevoir qui est opposé au désir de donner sans réserve du Créateur. Cependant il ne nous pas simplement créé opposé à Lui, Il nous également donné une méthode pour nous rapprocher, et c’est ce que nous enseigne la sagesse de la Kabbale.


Comme nous venons juste de voir, le nouveau désir de donner dans la Phase Deux oblige la Création à communiquer, à rechercher quelqu’un qui a besoin de recevoir. C’est pourquoi, la Phase Deux commence à examiner ce que et comment elle peut donner au Créateur. Après tout, à qui d’autre peut-elle donner?

Or, lorsque la Phase Deux tente de donner, elle découvre que tout ce à quoi aspire le Créateur est de donner. Il n’a aucun désir de recevoir. D'ailleurs, que peut donner la Création au Créateur?

Qui plus est, la Phase Deux découvre que son seul véritable désir est de recevoir. Elle s’aperçoit que sa racine est essentiellement un désir de recevoir délice et plaisir, et qu’elle n’a pas en elle le moindre désir de donner.

Cependant, parce que le Créateur ne veut que donner, le désir de recevoir de la Création est précisément ce qu’elle peut donner au Créateur. En recevant, la Création découvre qu'elle donne du plaisir au Créateur car le don est ce qui Le réjouit.

Cela peut paraître confus, mais si vous pensez au plaisir d’une mère allaitant son enfant, vous réaliserez que le bébé donne du plaisir à sa mère, simplement en recevant son lait.

Donc, dans la Phase Trois, la Création – le désir de recevoir - choisit de recevoir. En cela, elle donne en retour à la Phase Racine, au Créateur.

Nous avons à présent un cycle complet où les intervenants sont les donneurs. A la Phase Zéro, le Créateur donne à la Création (Phase Un). Au niveau de la Phase Trois, après avoir traversé les Phases Un et Deux, la Création donne en retour au Créateur en recevant de Lui.

Dans le schéma 1, la Phase Trois est représentée par un Kli doté de deux flèches, une pointant vers le haut et l’autre vers le bas. La flèche descendante indique que la Phase Trois reçoit, comme dans la Phase Un, et la flèche montante indique que son intention est de donner, comme dans la Phase Deux.

Une fois encore, les deux actions se servent du même désir de recevoir que dans les Phases Un et Deux, il n’y aucun changement. La modification provient de l’intention avec laquelle la Phase Trois reçoit: Dans la Phase Un, elle reçoit sans réfléchir alors que dans la Phase Trois, elle reçoit en vue de réjouir le Créateur.

Comme nous l’avons dit précédemment, nos intentions égoïstes sont la raison de tous les problèmes au monde. Ici, également, à la racine de la Création, l’intention est bien plus importante que l’acte lui-même. Pour démontrer cette hiérarchie, le Baal HaSoulam dit métaphoriquement que la Phase Trois reçoit à dix pour cent et donne à quatre vingt dix pour cent.


Phase Quatre - désirer ardemment l’intelligence du Créateur

Il semblerait qu’à présent nous ayons un cycle parfait dans lequel le Créateur a réussi à rendre la Créature identique à Lui - un donneur. Qui plus est, la Création apprécie ce don et ainsi réjouit le Créateur.

Cela parachève t-il pour autant la Pensée de la Création? Pas vraiment. Dans un sens, nous pouvons dire que la Création peut emprunter Ses pas, et parler Son langage, mais elle ne peut pas penser Ses pensées. L’acte de réception (Phase Un) et la compréhension que le seul souhait du Créateur est de donner (Phase Deux) font que la Création veut être dans la situation du Créateur, qui est la Phase Trois.

Devenir un donneur comme le Créateur ne signifie pas pour autant que la Création a atteint l’état du Créateur. Pour achever la Pensée de la Création, elle doit atteindre la pensée du Créateur et pas uniquement Ses actions. Parvenu à ce stade, elle comprendra pourquoi le Créateur l’a créé. Concrètement, le désir de comprendre la Pensée de la Création est une toute nouvelle phase. La seule chose avec laquelle nous pouvons la comparer est la situation d’un enfant qui veut être aussi fort et intelligent que ses parents. Nous savons pourtant que la chose ne sera possible que lorsque l’enfant aura grandi et sera à son tour devenu parent. C’est la raison pour laquelle les parents disent si souvent à leurs enfants: « On verra quand tu auras à ton tour des enfants, tu comprendras alors ».

Dans la Kabbale, comprendre la Pensée de la Création – le niveau le plus profond de compréhension - se nomme « connaissance ». C’est ce à quoi aspire ardemment le désir de recevoir dans la Phase Quatre.

Le désir d’acquérir la Pensée de la Création est la force la plus puissante de la Création. Elle se tient derrière tout le processus d’évolution. Que nous en soyons conscient ou non, la connaissance ultime à laquelle nous aspirons tous est de savoir pourquoi le Créateur agit de la sorte. C’est la même quête qui poussa les kabbalistes à découvrir les secrets de la Création il y a des milliers d’années. Tant que nous ne la comprenons pas, nous n'atteindrons pas la véritable sérénité d'esprit.


Un des termes les plus employés de la Kabbale est Sefirot et il vient du mot hébreu, Sapir (saphir) et chaque Sefira (singulier de Sefirot) a sa propre Lumière. Ainsi chacune des quatre phases porte le nom d’une ou plusieurs Sefira. La Phase Zéro se nomme Keter, la Phase Un, Hokhma, la Phase Deux, Bina, la Phase Trois, Zeir Anpin, et la Phase Quatre, Malkhout.

En réalité, il existe dix Sefirot parce que Zeir Anpin se compose de six Sefirot: Hessed, Gevoura, Tifferet, Netsah, Hod, et Yessod. Ainsi l’ordonnancement complet des Sefirot est Keter, Hokhma, Bina, Hessed, Gevoura, Tifferet, Netsah, Hod, Yessod, et Malkhout.