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Matot - DéfinitionsRésumé de la parasha
Dans cette parasha, Moïse alerte les chefs des tribus au sujet des commandements relatifs à la formulation et à la libération des vœux. La parasha évoque également Pinhas, qui mène Israël dans une guerre contre Madian et en sort victorieux. Après la guerre, le texte détaille le partage du butin (dont une partie est dédiée au Créateur), ainsi que les commandements pour rendre les Kelim kasher en les plongeant et en les immergeant dans l’eau bouillante.
À la fin de la parasha, les tribus de Gad et de Réouven demandent à rester sur la rive orientale du Jourdain en raison de la fertilité du sol pour leurs nombreux troupeaux. Ils mettent Moïse en colère, car il pense qu’ils cherchent à éviter la guerre pour la conquête du pays. Finalement, ils s’engagent à participer à la guerre, et Moïse accorde leur souhait d’avoir un lot en dehors du pays d’Israël.
Commentaire
Les kabbalistes atteignent les forces et les discernements du monde spirituel. Ce sont ces forces qui dirigent notre monde, incluant le ’Hayei (inanimé), le végétatif, l’animé et l’humain, chacun avec sa propre force qui le gouverne. C’est pourquoi il est impossible de demander quoi que ce soit à des personnes qui ne sont pas kabbalistes, car elles n’ont pas de libre choix, comme il est écrit : « Ils sont tous comme des bêtes ». Lorsque nous lisons une histoire dans la Torah qui semble se dérouler dans ce monde, nous devons comprendre que ses racines sont dans le monde spirituel, dans le réseau de forces qui gouverne le monde.
Aujourd’hui, nous ressentons et comprenons déjà que nous approchons du réseau des forces de la nature intégrale. Elles se rapprochent de nous et nous obligent à agir en conséquence. C’est l’apparition de la divinité, qui se rapproche progressivement de nous.
Nous voyons que nous ne pouvons plus gérer le monde, car chaque jour, nous sentons de plus en plus clairement que rien dans le monde ne dépend de nous. Nous perdons notre capacité à gérer le monde parce que nous ne pouvons plus agir dans la vie en utilisant nos égos.
Les kabbalistes ont découvert le réseau supérieur et nous ont expliqué comment il se manifeste au niveau supérieur. Ils l’ont fait à l’aide de mots et d’histoires de ce monde, notre monde, car tout ce qui existe dans le monde supérieur descend au monde inférieur.
Pendant les quarante ans dans le désert, et même avant, Moïse a écrit ses cinq livres, le Pentateuque. À travers son atteinte, Moïse a écrit une partie du Pentateuque concernant les temps précédant les siens. Il l’a écrit dans le langage des branches, dans les connexions entre le supérieur et l’inférieur. Moïse a parlé de tout ce qui se passe dans le monde supérieur et de la manière dont les forces sont gérées. Il en a parlé comme de résultats, des « marionnettes » qui se meuvent dans notre monde et le transforment.
C’est pourquoi il est inutile d’essayer de gérer ce monde ; il est entièrement gouverné et rien n’y est propre. Pour tout savoir, nous devons nous élever au degré supérieur, le lieu où les décisions sont prises, où les forces opèrent et influencent notre monde.
Nous ne pouvons rien changer dans ce monde, et nous en sommes bien conscients. Pourtant, il existe une manière de changer : si cela se produit, nous pouvons agir dans le don et l’amour en nous rapprochant des forces de notre nature. Ainsi, nous pouvons modifier notre destin ici dans ce monde.
En fait, ce n’est qu’en changeant nous-mêmes que nous pouvons accomplir : « J’ai créé le mauvais penchant, j’ai créé pour lui la Torah comme épice », car « la lumière en elle les réforme ». Ce n’est que par la lumière que nous tirons de l’étude de la sagesse de la Kabbale que nous pouvons nous transformer et atteindre le degré supérieur. Depuis ce degré supérieur, nous pouvons influencer les décisions et les mécanismes qui régissent notre monde. C’est pourquoi Moïse s’est adressé aux chefs des tribus et leur a expliqué les vœux à délier, la guerre contre Madian, et plus encore.
Nous devons nous représenter l’Homme comme un petit monde, et tout ce qui se passe dans le monde comme se passant à l’intérieur de nous. En effet, en nous se trouvent Moïse et toute la structure appelée « peuple d’Israël », avec ses prêtres, Lévi’im et Israël représentant les trois lignes qui composent nos âmes. Il y a aussi les nations du monde en nous, les Madianites, Pharaon, et tout le reste que la Torah raconte.
Lorsque nous nous découvrons et détectons en nous toutes ces forces et qualités, nous reconnaissons la Torah comme instruction. En conséquence, nous agissons pour changer, et nous adaptons notre existence dans ce monde afin de nous élever vers un homme spirituel supérieur, conscient du monde spirituel au degré spirituel appelé Matot (tribus).
C’est un degré très élevé, travaillant à partir de ’Hessed, la Sefira la plus haute de la structure de l’âme. Parmi les dix Sefirot, Keter, 'Hokhma et Bina sont les trois Sefirot supérieures. Elles sont au-dessus de notre atteinte et nous gouvernent. Nous nous en approchons à travers nos qualités intérieures, en les arrangeant correctement en ’Hessed, Guevoura, Tifferet, Netzakh, ’Hod, Yessod et Malkhout, les sept Sefirot restantes.
Nous corrigeons ces sept Sefirot de manière répétée à chaque degré, et elles sont appelées « les sept jours de la semaine ». ’Hessed, Guevoura, Tifferet, Netzakh, ’Hod et Yessod correspondent aux jours de la semaine, et Malkhout correspond au Shabbat. En les corrigeant, nous parcourons les semaines en cercle, ce qui nous mène finalement à Keter, 'Hokhma et Bina, les trois Sefirot supérieures, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la correction.
Chaque semaine de l’année a sa parasha ou ses parashot. Ce sont des degrés par lesquels nous nous élevons progressivement vers le degré supérieur en ouvrant notre intérieur. En procédant ainsi, nous découvrons les forces en nous et agissons avec elles.
La qualité de Moïse en nous se tourne vers les chefs des tribus en nous, selon la division de l’âme en douze tribus. Ce sont les tribus qu’il a organisées correctement tout en travaillant avec l’ego croissant, depuis un état appelé « réception de la Torah » jusqu’à un état appelé « entrée en Terre d’Israël ». Le processus que nous traversons entre ces états est appelé « les quarante ans dans le désert ». Le désert représente notre besoin de trier les désirs en nous et de les corriger, passant de la réception pour soi-même à la forme altruiste du don, vers la bonne approche envers les autres, que l’on peut résumer par la maxime : « Ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain ». Au degré des « tribus », nous examinons nos qualités et apprenons à travailler avec la volonté de recevoir.
Au début, nous pouvons examiner les vœux. Les « vœux » sont des états et conditions par lesquels nous atteignons un degré supérieur. Les vœux indiquent les limites que nous pouvons accepter sans échouer. Cependant, lorsque nous ne pouvons pas les maintenir, nous pouvons nous en débarrasser, tout comme la libération des vœux avant Yom Kippour.
Il existe des lois fondamentales en spiritualité qui concernent l’Homme et l’examen intérieur, comme déterminer dans quelle mesure nous pouvons demander correction pour nous-mêmes et travailler avec la force qui corrige. Après ces préparations, nous prenons conscience de notre capacité à travailler avec nos égos au niveau de Madian. Ainsi, nous travaillons avec la force appelée Pinhas, qui est l’étape suivante de la force de Moïse.
C’est alors que nous pouvons vraiment aller à la guerre. Nous affrontons nos égos afin de les conquérir et travaillons avec une partie d’eux dans le but de donner. Nous nous élevons à un degré spirituel en corrigeant le mauvais penchant en bon penchant. Il n’existe pas d’autre substance que notre propre volonté de recevoir.
Au départ, elle n’a que l’intention de recevoir. À ce moment-là, elle est appelée « mauvais penchant » car elle empêche toute participation avec les autres. Lorsqu’elle se transforme en bon penchant, elle se relie à tous. Cela signifie que nous avons réussi dans la guerre et que nous avons conquis l’ego.
Une fois que cela est accompli, nous donnons le butin aux tribus, au prêtre, au Lévi, à Israël, aux femmes et aux enfants. Nous distribuons le butin provenant de tout ce que nous pouvons prendre aux degrés ’Hayei, végétatif, animé et humain. La Torah détaille ce que nous devons faire avec la partie masculine, la droite de la Klipa, et ce que nous devons faire avec la partie féminine, la gauche de la Klipa.
Questions et Réponses
À Yom Kippour, il est d’usage de délier les vœux. Pourquoi, alors, a-t-on besoin de faire des vœux au départ ?
Nous ne pouvons pas évoluer sans un vœu. En approchant d’un degré supérieur, nous devons nous annuler devant le supérieur, car nous n’avons pas encore atteint ce degré et ne pouvons donc pas l’évaluer correctement. En étudiant, nous corrigeons et « améliorons » constamment notre être.
Il existe également des actions complémentaires, comme la Seconde Pâque, où, si nous ne nous sommes pas préparés pour la correction appelée « Pâque », où nous « passons par-dessus » l’égo, nous pouvons y parvenir un mois plus tard.
Cela ressemble à une négociation. On fait des vœux pour pouvoir accomplir le travail plus tard, donc si on fait quelque chose, on recevra ceci ou cela ?
Non, il n’en est rien. Ce n’est pas ainsi que fonctionne la spiritualité. Nous faisons tout honnêtement jusqu’à ce que nous découvrions qu’il est impossible de continuer à avancer, ou que les conditions aient changé. Nous faisons partie d’un système d’âmes interconnectées qui nous soutient lorsque nous tombons. Nous apprenons notre appartenance à un système intégral à travers Moïse, qui n’a rien fait de mal sauf frapper le rocher, et pourtant tout le peuple a souffert à cause de cela.
Il n’y avait qu’un Moïse, mais nous ne sommes que des débutants.
Rien de ce monde ne peut être considéré en soi. Ici, nous ne sommes rien de plus que les conséquences du monde spirituel. Si nous pouvons influencer le monde spirituel par l’étude de la Kabbale, nous changerons aussi ce monde. Sinon, rien ne changera.
En réalité, nous pouvons influencer le monde spirituel simplement en aspirant à la spiritualité, ce qui affectera favorablement ce monde. Si nous n’avons ni capacité ni désir de changer notre situation spirituelle, même si nous le pouvions, notre monde continuera à avancer, mais sur un chemin de souffrance.
Comment pouvons-nous changer notre monde s’il n’est qu’un monde de résultats et que nous sommes opérés sans libre choix ?
Dès que nous commençons à monter vers le monde spirituel, nous commençons à changer ce monde. Rien dans ce monde ne le transforme sauf les forces qui l’influencent d’en haut. Ainsi, notre seul choix ici est de nous élever au-dessus de lui.
Cela se fait-il en se connectant et en s’unissant aux autres ?
Oui, par l’unité avec les autres.
Améliorerons-nous également notre situation financière en étudiant la Kabbale ?
Tout changera. Tous les résultats de ce monde dépendent uniquement des connexions entre nous. Rien n’a de véritable valeur sauf assurer notre subsistance et consacrer le reste du temps à l’ascension spirituelle. Cela changera tout à son tour.
La correction est-elle personnelle ou affecte-t-elle tout le monde ?
La correction est à la fois personnelle et générale, mais aujourd’hui elle est principalement générale.
Pourquoi est-il si difficile de la comprendre, même si cela semble si simple ?
Nous sommes construits selon nos égos individualistes et voyons le monde de manière égoïste. Et c’est précisément pour cela que les systèmes économiques et éducatifs actuels deviennent dysfonctionnels. Nous ne pouvons plus réussir car tout est brisé et dispersé. Historiquement, nous avancions en utilisant nos égos pour tirer profit de nous-mêmes. Mais aujourd’hui, ces systèmes égoïstes et linéaires ont cessé de fonctionner. Nous passons à des systèmes ronds, intégrals et connectés.
L’impact réciproque se ressent-il immédiatement ?
Oui, les gens se sentiront plus importants, plus réussis et même plus puissants que le gouvernement. Les gouvernements agissent égoïstement, comme une flèche linéaire. À l’inverse, les connexions entre les gens sont circulaires. Aujourd’hui, nous sommes dans un mécanisme global, dans une nature intégrale et globale. Nous ne pouvons plus avancer égoïstement ou linéairement comme avant. Nous devons apprendre à nous élever, à accroître l’objectif de se connecter « comme un seul homme avec un seul cœur », car seule l’unité peut changer les choses.
Du Zohar : Matot (Tribus)
« ‘Et vous qui vous attachez au Seigneur votre Dieu êtes vivants chacun de vous ce jour.’ Quelle en est la raison ? C’est parce que l’âme d’Israël vient de l’esprit du Dieu vivant. ‘Car l’esprit devant Moi enveloppera.’ ‘Devant Moi’, signifiant devant la Divinité, de Z"A, le Dieu vivant. »
Zohar pour Tous, Matot (Tribus), item 5
Qu’est-ce que le butin ?
Le « butin » est le résultat du travail de l’homme avec l’inclination au mal. Dans cette guerre, nous transformons l’inclination au mal en inclination au bien, en utilisant la lumière qui réforme. Ainsi, nous recevons la lumière à travers cette inclination. La lumière qui nous remplit — l’atteinte, cette sensation sublime — est un grand trésor. Voilà le butin.
La division du butin désigne comment on répartit la lumière entre toutes nos parties, tous nos désirs et qualités. Elle indique comment ce mécanisme de division fonctionne : qui reçoit plus et qui reçoit moins.
Cette parasha semble discuter de la racine de la pratique de rendre les ustensiles kasher.
La racine de la question se trouve dans nos Kelim (vases), la volonté de recevoir. C’est là que nous recevons la lumière. La lumière peut apparaître dans nos désirs à condition qu’ils ne travaillent pas seulement pour recevoir, mais aussi pour donner afin de partager avec les autres. Lorsque nous nous connectons ainsi aux autres, la lumière apparaît en nous. Toutes nos corrections sont donc en réalité des qualifications de nos Kelim, les rendant kasher.
En d’autres termes, nous devons qualifier notre volonté de recevoir pour qu’elle vise à donner et soit connectée aux autres. L’eau, qui représente 'Hessed, qualifie les Kelim. Si nous devons corriger un Kli métallique (singulier de Kelim), c’est-à-dire le rendre kasher, une correction plus profonde est nécessaire. Il doit passer par le feu, représentant Guevoura. Un Kli métallique représente un désir utilisé égoïstement, qui doit être corrigé et nettoyé plus puissamment par « blanchiment » (chauffage jusqu’à ce que le métal devienne blanc), Mikveh Kelim (bassin pour immersion rituelle des ustensiles), et Hagaalah (immersion dans l’eau bouillante).
Corriger nos Kelim est tout ce que nous avons dans la sagesse de la Kabbale. La correction des Kelim a lieu une fois que nous les avons acquis et que nous les avons transformés de l’objectif de recevoir à l’objectif de donner, ayant maîtrisé nos désirs. Il ne s’agit pas seulement de corriger des Kelim au sens d’ustensiles ou de plats, mais de corriger les Kelim lors des offrandes.
L’offrande est un Kli au niveau animé. Nous « tuons » notre volonté de recevoir, c’est-à-dire la manière dont elle était utilisée auparavant, égoïstement. Nous l’apportons comme offrande (Korban), du mot Hitkarvut (approche), vers le don, au bénéfice des autres. Ce n’est qu’alors que nous pouvons donner de l’amour aux autres, en utilisant cette même volonté de recevoir qui devient maintenant sacrée.
Ce n’est pas la seule parasha où il y a des guerres et des luttes.
Nous sommes toujours en guerre, toujours en lutte, jusqu’à atteindre la fin de la correction.
Si nous avons déjà atteint un certain degré et apprécié la lumière qui s’y trouve, pourquoi devrions-nous la renoncer ?
Parce que nous voulons la transmettre aux autres.
Mais si cette personne n’a toujours aucun désir de transmettre la lumière aux autres ?
Vouloir la transmettre est une condition préalable pour recevoir la lumière.
Vous voulez dire, pour recevoir la lumière, il faut d’abord vouloir la donner ?
Bien sûr. Nous voulons déjà la recevoir parce que nous savons qu’elle est bonne. Mais nous ne la recevrons pas tant que nous ne désirons pas la partager avec les autres. Notre monde exige que nous soyons connectés car nous approchons de la fin du processus de correction.
Une fois que l’on a expérimenté la lumière, qu’est-ce qui l’empêcherait de la vouloir constamment ?
Nous avançons « sur deux jambes ». On reçoit des Kelim, on les corrige, on les remplit de lumière, on les partage avec tous et accomplit ainsi une très bonne action, une Mitsva. Utiliser la volonté de recevoir au profit des autres s’appelle une Mitsva. Une fois la Mitsva accomplie, une autre partie de l’égo de la personne, cachée à l’intérieur, émerge.
Finalement, tout « l’Égypte » d’une personne apparaît, et l’on est maintenant immergé dans un égo qui se répand sur le bien. Le mal devient soudain dominant sur le bien. Quand cela arrive, la personne devient méchante et la lutte recommence : le degré précédent disparaît à l’intérieur, « noyé » dans le mal.
Lorsque Israël entre en Canaan et le conquiert, il y a le côté est du Jourdain. Gad et Ruben voulaient cette part. Pourquoi Moïse a-t-il refusé qu’ils s’installent sur la rive est du Jourdain ?
Notre volonté de recevoir se situe dans les trois mondes : Briya, Yetzira et Assiya. Il y a aussi le Temple, Jérusalem, le Mont Moriah, et le reste des degrés : la terre d’Israël, autour de laquelle se trouvent le Jourdain, le Liban, la Syrie et Babylone. De plus, il y a le reste des terres du monde, mais elles ne sont pas considérées comme spirituellement significatives.
La rive est du Jourdain est la première frontière en dehors de la terre d’Israël et n’a donc pas le même niveau de sainteté que la terre d’Israël elle-même. C’est pourquoi Moïse, la force qui gère toutes les corrections en nous, s’oppose à la présence des enfants d’Israël là-bas. Tous les enfants d’Israël doivent d’abord être à l’intérieur de la terre d’Israël, et seulement ensuite viennent les conquêtes de David, qui incluent le Liban, la Syrie et Babylone, du Nil à l’Euphrate.